Les compétitions étant absentes en Aikido, la progression est évaluée tout au long de la vie du pratiquant en 3 étapes successives :
L’apprentissage des bases : les grades « Kyu »
Décernés au sein d’un dojo par le ou les enseignants habituels de l’élève, ils jalonnent la progression du débutant dans l’apprentissage des fondamentaux. Ces grades n’ont donc de valeur qu’au sein du club qui le décerne et en cas de changement de dojo ou de fédération, l’élève peut être amené à devoir refaire ses preuves.
Les ceintures matérialisant la progression vers le 1er Dan
Les grades « kyu » peuvent aller du 6ème kyu (ceinture blanche) jusqu’au 1er kyu (ceinture marron). Une durée croissante est en général respectée entre chaque niveau mais en fonction des dojos et du mérite de l’élève, certaines étapes peuvent être sautées pour accélérer la progression d’un élève particulièrement doué ou chevronné.
En fonction des dojos, le grade peut être décerné après un examen formel portant sur une partie plus ou moins importante du « catalogue technique » ou sur simple décision de l’enseignant qui jugera alors que l’élève a atteint le niveau requis.
En théorie cette progression peut prendre environ 6 ans mais cela peut varier entre 3 et plus de 10 ans selon l’investissement et les prédispositions de l’élève. Il y a également une part importante de subjectivité puisque le grade est décerné par un ou plusieurs enseignants habituels qui connaissent donc bien le travail fourni par l’élève, son implication, sa régularité, sa fidélité…
La recherche de la perfection technique : les grades « Dan » 1 à 4
Contrairement aux croyances populaires, la ceinture noire ne marque pas la fin de la progression mais le début !
En effet, l’obtention de la ceinture noir indique que l’élève a assimilé les bases techniques qui vont lui servir à apprendre à « oublier la technique » pour vivre son Aikido le plus librement possible.
Ces bases sont aussi bien techniques (connaissances formelles) que comportementales (attitude générale, déplacements, utilisation du corps, chûtes, engagement…) et sont évaluées par un jury au cours d’un examen formel jusqu’au 4ème Dan considéré comme le niveau « Expert ».
La course aux titres et récompenses
Au fur et à mesure de la progression dans les « Dans », les qualités du pratiquant doivent être de plus en plus affûtées :
1er Dan : Minimum 1 an après le 1er Kyu : Démontrer de la manière la plus exacte possible que l’on est capable de reproduire ce qui est demandé.
2ème Dan : Minimum 2 ans plus tard : Ajouter rapidité, puissance et détermination mentale.
3ème Dan : Minimum 3 ans plus tard : Démontrer de la finesse, précision et efficacité.
4ème Dan : Minimum 4 ans plus tard : Montrer au travers de toutes les qualités précédentes, que l’on a compris les principes qui régissent les techniques.
Début de la recherche personnelle : les grades « Dan » 5 à 8
Ces grades sont obtenus « sur dossier ».
Le pratiquant doit se détacher le plus possible de la forme et entrer dans un dimension plus interne, voir spirituelle, de la pratique en démontrant sa capacité à réagir dans l’instant et à apporter une réponse adaptée à la situation de manière fluide et puissante.
La durée entre chaque grade augmente, et l’on prendra notamment en considération l’investissement du pratiquant dans la transmission de son savoir ainsi que dans les institutions au travers notamment des cours et stages dispensés par le candidat, le nombre d’élèves qu’il aura élevé aux grades « Dans » et les responsabilités qu’il aura assumé au sein des clubs et fédérations auquels il appartient.
5ème Dan : Minimum 5 ans après le 4ème Dan : « L’art respecte les principes et l’esprit, commençant à se dégager de la forme, ne reste plus prisonnier de l’aspect extérieur de la technique. De nouvelles solutions techniques apparaissent en fonction des situations. »
6ème Dan : Minimum 6 ans plus tard : « La technique est brillante, le mouvement est fluide et puissant. Il doit s’imposer comme une évidence à celui qui regarde. La puissance et la disponibilité physique comme la limpidité du mental s’unissent sans ambiguïté dans le mouvement et s’expriment aussi dans la vie quotidienne. »
7ème Dan : Minimum 7 ans plus tard : « L’Etre se débarrasse de ses obscurcissements et apparaît sous sa vraie nature ; il manifeste son vrai soi. Libre de tout attachement il éprouve la joie de vivre ici et maintenant. »
8ème Dan : Minimum 8 ans plus tard : « Au-delà de la vie et de la mort l’esprit clair est ouvert, capable d’unifier les contraires, sans ennemi, il ne se bat pas. Sans combat, sans ennemi, il est le vainqueur éternel. Sans entrave il est libre, libre dans sa liberté. O Senseï disait « En face de l’ennemi il suffit que je me tienne debout sans rien de plus ». Sa vision englobe et harmonise la totalité. Mais rien ne s’arrête là. Même l’eau la plus pure peut pourrir dans une mare ; il ne faut jamais oublier l’esprit du débutant accomplissant son premier pas. »
Au delà : Il est déjà arrivé que certains élèves du fondateur se soit vu remettre des grades de 9ème et même 10ème Dan, ce qui reste très rare et concernait des élèves particulièrement doués tel Koichi TOHEI : débuts à 19 ans, 8ème Dan à 32 ans, 9ème à 40 ans et 10ème à 49 ans. Il arrêtera d’enseigner quelques années avant sa mort, à 91 ans !
Koichi Tohei reste l’aïkidoka à la progression la plus rapide
Les grades (kyu ou dan) restent bien souvent un sujet de discorde dans le monde des arts martiaux à tel point que certains y renoncent.
Atteindre un grade de haut niveau (à partir du 5ème dan) nécessite bien souvent de consacrer sa vie entière à la pratique ce qu’une minorité de pratiquants ne peut réellement s’infliger.
Sujet de recherche écrit pour le passage de la ceinture Noire par l’élève Mr KHALID AJAKKAF